Les chouchous du rock dans le divan – Les cordes, le violon

Compte-rendu du samedi 19 mai 2012

Les cordes du violon  (Discographie en bas de page)

Quand on veut symboliser une musique par un instrument, on choisira le violon pour illustrer  la musique classique bien sûr. Et pourtant cet instrument très populaire est  présent dans les musiques du monde, on le trouve  par exemple dans la musique arabe, le folklore irlandais, les musiques tziganes….
Mais aussi dans le folk, le rock, la pop, le trip hop, la soul, le rap.
Les années 50 apportent un vent frais dans la musique de « jeunes », c’est l’époque du rock’n’roll, du rockabilly, du twist, les sixties verront la naissance de la pop music.
Toutes ces musiques représentent une rupture avec les musiques « adultes », les musiques des parents. Elles sont écrites et interprétées selon un format devenu classique depuis : une guitare, une basse, et une batterie. C’en est fini des cordes et des vents.

Au milieu des années 60, certains groupes aux Etats-Unis et en Angleterre décident d’implanter des cordes et le violon solo tout particulièrement  au sein de leurs pop songs.
Certains le feront en référence à la musique easy listening de Burt Bacharach, pour eux les cordes apportent quelque chose de doux, de romantique, elles peuvent rendre une mélodie luxuriante.
En 1966, le groupe américain The Left Banke, en fait d’ailleurs sa marque de fabrique, ils sortent deux singles « Walk Away Renee » et « Pretty Ballerina » selon cette formule.

La même année en Angleterre, les Beatles sortent « Eleanor Rigby » sur « Revolver », album  qui marque un changement de direction dans leur carrière. Ils veulent innover leur pop, ils ont de nouvelles idées. Et voilà qu’ils écrivent une chanson qui sera interprétée entièrement par un quatuor à cordes et chantée par McCartney.
Dans le New-York underground, un nouveau petit groupe sort son premier album dont on n’a pas fini d’entendre parler : The Velvet Underground. Le groupe est formé par Lou Reed, chanteur, principal compositeur, guitariste, John Cale, bassiste, altiste, pianiste, violoniste…. Sterling Morrison, deuxième guitariste Maureen Tucker, dite « Moe », batteuse. De par sa formation de musicien classique (musique répétitive, il a travaillé avec John Cage,La Monte Young…)  John Cale apporte des éléments extérieurs au monde dudit rock.

A la fin des sixties, avec le flower power on assiste d’une part à la naissance d’une flopée de groupes folk,  d’autre part des groupes psyché fleurissent un peu partout. Les uns comme les autres utilisent le violon en référence à la musique traditionnelle celtique, aux musiques du monde en général.

Le rock progressif s’illustre dans les années septante, ce genre musical qui prône la dextérité des musiciens, met en avant la technicité et l’art de la composition utilisera évidemment le violon. Le jazz-rock ou fusion lui offrira les mêmes égards, je pense à « Hot Rats » de Zappa, King Crimson ou Mahavishnu Orchestra. Les frères Quay ont réalisé le petit film qui illustre le morceau de Frank Zappa qui suit.

Les cordes apportent une impression d’ampleur dans les productions Tamla Motown, Jean-Claude Vannier leur offre le premier rôle dans « Melody Nelson » où elles intensifient la dramatisation et la narration.

Et puis les punks débarquent en donnant des coups de pieds dans beaucoup de choses, suivent les années 80 avec la new wave et les synthés. Fini les violons ou presque…

A New York, Laurie Anderson figure d’avant-garde, artiste multidisciplinaire, diplomée en histoire de l’art, sculpteur, vidéaste…. et violoniste. Elle sort « Big Science », son premier album en 1981, qui fait un tabac grâce à « O Superman », mais qui est surtout un disque très novateur, LE disque qui symbolise le mieux l’artrock. Elle y expérimente des sons et des techniques d’enregistrement et de reproduction, elle utilise un vocoder, une cornemuse….utilise des boucles….. et son violon.

1991, Massive Attack, le trip hop et « Unfinished Sympathy ». La vague de Bristol déferle sur l’Angleterre, l’Europe et les Etats-Unis avec ses machines, ses chanteurs, ses platines, ses vinyles qui craquent et sa musique chargée d’émotions fortes.

Un certain Neil Hannon crée Divine Comedy se démarque dans la production brit pop en intégrant un quatuor à cordes  et même un clavecin dans son concept.
En 1997, Bjork toujours avide de nouvelles expériences, engage le Icelandic String Quartet pour l’accompagner sur « Homogenic » son troisième album qui marque un tournant dans sa carrière.

Bashung utilisera des cordes dans « Fantaisie militaire » afin de rendre le disque plus romantique d’après ses dires et notamment dans « Au pavillon des lauriers » pour appuyer le côté arabisant du morceau. Le stratagème a bien fonctionné avec moi, c’est un des disques que j’emporterais sur une île déserte.
Parfois, ce violon joue un rôle un peu traitre aussi. Dès l’intro, il peut donner une « couleur » orientale,  une connotation « moderne »,  à un morceau qui parfois ne l’est pas du tout.

Je pense à « Frozen Gtr » de Thurston Moore avec Samara Lubelski, à « Suds  & Soda » de dEUS ou « Kashmir » de Led Zeppelin.   N’oublions pas Arcade Fire, groupe rock canadien qui compose de la pop baroque un peu foutraque dans une ambiance de folie douce qui inclut le violon, l’accordéon, le cor en plus des instruments habituels sans leur donner forcément une place de soliste. Owen Pallett, le violoniste du groupe a  sorti des projets personnels dont les morceaux sont réalisés à l’aide d’un seul violon et de pédales d’effets. C’est bluffant.

Si on remonte un peu plus haut dans le texte, je cite le rap.

Oui, oui, le Wu-Tang Clan, collectif hip hop new-yorkais utilisent des échantillons de violon dans leur incontournable second album « Wu-Tan Forever ».

Puisqu’il vient de sortir un nouvel album « Break It Yourself » je vous parlerai d’Andrew Bird, un violoniste américain indie folk qui s’échantillonne et construit sa musique grâce aux boucles qu’il positionne et empile petit à petit. Il est accompagné par Martin Dosh qui pratique de la même façon pour l’accompagnement à la batterie et aux claviers. Pour les voir à l’action :

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, j’aurais pu encore citer d’autres exemples.

Playlist :

The Left Banke « Walk Away Renée »

The Beatles « Eleonor Rigby »

The Velvet Underground « Venus In Fur »

Fairport Convention « Genesis Hall »

Hot Tuna  «True Religion »

King Crimson « The Night Watch »

Frank Zappa « Willie The Pimp »

Serge Gainsbourg « L’hôtel particulier »

The Temptations « Masterpiece »

Laurie Anderson « Born, Never Asked »

Massive Attack « Unfinished Sympathy »

The Divine Comedy « Your Daddy’s Car »

Bjork « Hunter »

Bashung « Au pavillon des lauriers »

Thurston Moore « Frozen Gtr »

dEUS « Suds & Soda »

Led Zeppelin « Kashmir »

Arcade Fire : « Neighborhood #2 – Laïka »

Wu-Tang Clan « Reunited »

Andrew Bird « Imitosis »

 Bonnes découvertes

Brigitte

A propos La média de bxl

La médiathèque de Bruxelles Centre : un repaire de découvertes et de passions. Nous aimons les musiques, les films, le multimédia. dans tous les genres, tous les courants. A la recherche de titres précis ou envie de découvertes ? Nous vous proposons plus de 100.000 titres musicaux et audiovisuels en accès direct, ainsi que des sélections ciblées. La médiathèque, c’est cinquante ans d’histoires culturelles enrichies au quotidien par des mélomanes et cinéphiles rodés au défrichage de répertoires et tendances sans cesse renouvelées. Bienvenue !
Cet article, publié dans 1/ Nos coups de coeur:, Brigitte Molenkamp, Chouchous du rock, Les divans du rock, Pop Rock, RDV de la média de Bxl-Centre, est tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Les chouchous du rock dans le divan – Les cordes, le violon

  1. LMC dit :

    Je confirme qu’il existe un nombre immense d’exemple de ce style ! Mais merci pour cette sélection en tout cas, j’y ai (re)découvert des morceaux superbes !

Laisser un commentaire